Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/327

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chevêque. Tout se termina sans orage, et monseigneur me fit même porter quelques paroles d’encouragement et d’espérance.

Après une démarche aussi nette et aussi franche aux yeux de tous, je crus devoir continuer immédiatement et sans détour ce que les circonstances avaient si bien commencé pour moi, et, dès le jour même, j’annonçai à mes directeurs l’intention de ne pas passer l’année au séminaire. Le soir, j’étais à l’hôtel. Que de liens, ma bonne amie, rompus en quelques heures ! Je ne me repens de rien ; je goûte au contraire le calme supérieur qui suit l’accomplissement d’un sacrifice, car c’en fut un pour moi. Tout me souriait si bien dans cette voie, et maman eût été si contente, et moi si tranquille ! Et puis il y avait des moments où mon passé reprenait son empire, mes doutes semblaient disparaître, et alors ma démarche me semblait mauvaise ; mais je sentais que ce n’était là qu’un effet momentané de ma fatigue intellectuelle et morale, et qu’au jour où je serais tranquille en ma chambre, je reviendrais à ma critique.

Les jours suivants, j’ai terminé dignement