Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/342

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qu’en suivant cette ligne, tout se fera sans qu'elle souffre trop.

Je ne sais, bonne Henriette, si j’ai réussi à te prouver ma thèse. Car je t’avoue que c’est avec bien de la peine que j’ai appris de mademoiselle Ulliac que cela te serait peut-être désagréable. Si je l’avais cru, chère amie, je t’assure, dans toute la sincérité de mon âme, que je n’eusse pas accepté. Mais, obligé d’interpréter ta volonté, j’ai dû croire que les motifs que je t’ai énumérés étaient plus que suffisants pour te faire surmonter une légère antipathie plus instinctive que réfléchie. Tel a été aussi l’avis définitif de mademoiselle Ulliac. Acceptez, dit-elle, mais sans engagement, et écrivez-en à Henriette. C’est ponctuellement ce que j’ai fait. La grande objection était que ce collège est un collège de Jés... Oh ! bonne amie, se peut-il qu’au xixe siècle, une femme de l’esprit le plus distingué s’amuse à de pareils enfantillages ! En vérité, plus que tout autre, je suis peu sympathique à cette société ; je ne l’aime pas, dans toute la force du terme. Mais, je ne puis que rire de tout mon cœur de ces imaginations fantastiques,