Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/351

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une maladresse, elle aura eu peu de fâcheuses conséquences.

L’expérience de quelques jours me prouva, en effet, qu’il n’y avait pas de milieu pour moi entre sortir de la maison et conserver toute l’apparence ecclésiastique. D’où je concluais avec une inflexible netteté que je ne pouvais y rester. Quelques jours après, je le déclarai positivement au proviseur ; et dès lors commença, ou plutôt se continua entre lui et moi une suite de rapports fort singuliers, et où j’ai trouvé l’occasion de faire des remarques psychologiques fort importantes. Je sens que mes raisons ne peuvent rien sur lui ; car il est persuadé et me proteste qu’au bout de quelques mois de rapports intellectuels avec lui, j’aurai changé d’idée. Mais moi qui sais ce qu’il en est, je ne puis davantage appuyer sur de pareilles raisons. Cela nous met tous les deux dans une position unique, où il nous est aussi impossible de nous entendre qu’à deux hommes qui parlent une langue différente. Et pourtant cet homme est fort distingué ; c’est un docteur es lettres, ancien élève de l’École polytechnique, etc.