Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/380

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Maintenant, cette connaissance ne peut plus être qu’un aiguillon pour hâter mes pas et m’exciter à travailler pour y mettre un terme.

Mademoiselle Ulliac est la seule à qui je puisse faire confidence de mes inquiétudes, et ses craintes redoublent les miennes, car elle en sait plus que moi sur le fatal sujet de tes souffrances. Oh ! de quel poids je serai soulagé, si je puis encore apprendre que mon Henriette nous est conservée, et qu’elle s’achemine heureuse et contente vers la France. Oui, la France, chère amie, et pour toujours ! Je suis ravi sans doute de la perspective de ton voyage en Italie ; mais ce qui en fait pour moi le plus grand charme, c’est que je ne l’envisage que comme un agréable détour dans le voyage qui doit te ramener à ta patrie. Je l’ai dit, et je le maintiens, tu ne peux plus retourner en Pologne. Mais, mon Dieu ! qui sait si tu n’y es pas encore ? Je ne sais à la lettre à quel coin de l’Europe ma pensée doit s’adresser pour trouver ce qu’elle a de plus cher. J’ignore même complètement où ces lignes te rencontreront, et je n’ai tant tardé à te les adresser que parce que je pensais qu’elles ne te trou-