Page:Renan - Ma soeur Henriette, Calmann-Levy, 1895.djvu/72

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que j’avais déposée en elle, a péri avec elle. Ce que j’ai trouvé à ce sujet dans ses papiers est très bon. Nous espérons pouvoir le publier en le complétant par ses lettres. Nous publierons ensuite un récit qu’elle écrivit des grandes expéditions maritimes du xve et du xvie siècle. Elle avait fait pour ce travail des recherches très étendues, et elle y avait porté une critique bien rare dans les ouvrages destinés aux enfants. Elle ne faisait rien à demi ; la droiture de son jugement se montrait en tout par un goût exquis du solide et du vrai.

Elle n’avait pas ce qu’on appelle de l’esprit, si l’on comprend par ce mot quelque chose de narquois et de léger, à la manière française. Jamais elle ne s’est moquée de personne. La malignité lui était odieuse ; elle y voyait quelque chose de cruel. Je me rappelle qu’à un pardon de Basse-Bretagne, où l’on allait en bateau, notre barque était précédée d’une