Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/108

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bua volontiers la théopneustie[1]. Nous avons vu et nous verrons bien d’autres exemples de romans inventés par les hérétiques forçant ainsi les portes de l’Église orthodoxe et se faisant accepter d’elle, parce qu’ils étaient édifiants et susceptibles de fournir un aliment à la piété.

Le fait est que cette littérature ébionite, malgré sa naïveté un peu enfantine, avait au plus haut degré l’onction chrétienne. Le ton était celui d’une prédication émue ; le caractère en était essentiellement ecclésiastique et pastoral. Pseudo-Clément est un partisan de la hiérarchie au moins aussi exalté que pseudo-Ignace. La communauté se résume en son chef ; le clergé est l’indispensable médiateur entre Dieu et le troupeau[2]. Il faut deviner l’évêque à demi-mot, ne pas attendre qu’il vous dise : « Tel homme est mon ennemi », pour fuir cet homme. Être ami de quelqu’un que l’évêque n’aime pas, parler à quelqu’un qu’il évite, c’est se mettre hors de l’Église, se placer au rang de ses pires ennemis. La charge de l’évêque est si difficile ! Chacun doit travailler à la lui faciliter ; les diacres sont les yeux de l’évêque, ils

  1. Épiphane, Hær., xxx, 15.
  2. Lettre de Clément à Jacques, 2, 16, 17, 18. Les Constitutions apostoliques ne font sur ce point que développer la doctrine des Homélies.