Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/140

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personnages évangéliques jouent un rôle presque ridicule[1]. Mais les personnes qui trouvaient de la sécheresse dans le cercle assez restreint des écritures juives et judéo-chrétiennes prenaient du plaisir à ces rêves, et plusieurs avaient dû à de telles lectures l’occasion de connaître Christ. Les formes mystérieuses de la secte, reposant avant tout sur l’enseignement oral, et ses degrés successifs d’initiation fascinaient les imaginations et faisaient tenir extrêmement aux révélations qu’on avait obtenues à la suite de tant d’épreuves[2]. Après Marcion, Valentin était de beaucoup l’hérétique dont les collèges étaient le plus fréquentés[3]. Bardesane, à Édesse, réussit, en s’inspirant de lui, à créer une large et libérale école d’enseignement chrétien, comme on n’en avait pas encore vu. Nous parlerons plus tard[4] de ce phénomène singulier.

Saturnin comptait toujours de nombreux disciples[5]. Basilide avait pour continuateur son fils Isi-

  1. Les rédacteurs évangéliques y sont Matthieu, Philippe et Thomas (p. 47 et 48 de la traduction de Schwartze).
  2. Tertullien, Adv. Val., c. 1 ; Pisté Sophia, dans les Comptes rendus de l’Acad., 1872, p. 338 et suiv.
  3. « Valentiniani frequentissimum plane collegium inter hæreticos. » Tertullien, l. c.
  4. V. ci-après, p. 436 et suiv., 458 et suiv.
  5. Justin, Dial., 35.