Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/197

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ces pasteurs éminents, une sorte de supériorité incontestée[1]. On lui accordait unanimement le don de prophétie, et on croyait qu’il se conduisait en tout par la lumière du Saint-Esprit[2]. Ses écrits se succédaient d’année en année au milieu de l’admiration universelle. Sa critique était celle du temps ; au moins apportait-il un soin extrême à ce que sa foi fût raisonnable et conséquente avec elle-même. À beaucoup d’égards, il rappelle Origène ; mais il n’avait pas pour s’instruire les facilités que présentèrent à ce dernier les écoles d’Alexandrie, de Césarée, de Tyr.

Le médiocre souci qu’avaient les chrétiens de saint Paul d’étudier l’Ancien Testament, et l’affaiblissement du judaïsme dans les régions de l’Asie éloignées d’Éphèse[3], faisaient qu’il était difficile de se procurer en ce pays des notions certaines sur les livres bibliques. On n’en savait exactement ni le nombre ni l’ordre. Méliton, poussé par sa propre curiosité et, à ce qu’il paraît, par les instances d’un certain Onésime, fit un voyage en Palestine pour

    pas d’Eusèbe ou d’Origène sont douteux ; car il y eut à son sujet beaucoup de confusions.

  1. Polycrate, dans Eusèbe, l. c.
  2. Polycrate, l. c. ; Tertullien, dans saint Jérôme, l. c.
  3. Polycrate, à Éphèse, se vante d’avoir lu toute l’Écriture et d’avoir conféré avec des chrétiens du monde entier. Dans Eus., V, xxiv, 7.