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sur l’Incarnation du Christ, contre Marcion[1]. On a pu croire qu’il exista aussi un livre de Prophéties qu’il aurait composées[2].

Méliton passa, en effet, pour prophète[3] ; mais il n’est pas sûr que ses prophéties aient formé un ouvrage à part. Admettant la prolongation du don de prophétie jusqu’à son époque, il put ne pas repousser a priori les montanistes de Phrygie. Sa vie, d’ailleurs, se rapprochait de la leur par un certain ascétisme[4]. Seulement, il ne reconnut pas les révélations des saints de Pépuze ; sans quoi, certainement, l’orthodoxie l’aurait lui-même rejeté de son sein.

Un de ses traités, celui qu’il intitula « de la Vé-

  1. Περὶ ἐνσωμάτου θεοῦ (syr. : Sur Dieu revêtu d’un corps) Cur., p. 34, texte). Otto, p. 394 et suiv. C’est à tort qu’Origène (dans Théodoret, Quæstiones in Gen., cap. i, interr. 20) a conclu de ce titre que Méliton faisait Dieu corporel. Comp. Gennadius, De dogm. eccl., c. 4. Le traité περὶ σαρκώσεως χριστοῦ dont parle Anastase le Sinaïte (Hodeg., ch. xiii, p. 260, édit. Gretser) était peut-être identique au περὶ ἐνσωμάτου θεοῦ mentionné par Eusèbe. Le traité de la Vérité (voir ci-après), qui paraît bien de Méliton, est plein du déisme et du spiritualisme le plus pur.
  2. Eus., IV, xxvi, 2, καὶ λόγος αὐτοῦ περὶ προφητείας. Rufin, saint Jérôme et le traducteur syriaque ont traduit comme s’il y avait περὶ προφητείας αὐτοῦ. Voir Otto, p. 377.
  3. Tertullien, cité par saint Jérôme, l. c.
  4. Pitra, Spicil. Sol., II, p. vi-vii. Sur le sens exact de πολιτεία, voir Eus., V, i, 9 ; xiii, 2 ; xxiv, 2 ; Clém. Alex., Strom., proœm. ; Théodoret, Hist. rel., titre.