Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tites, disciples de Tatien[1]. Modestus s’appliqua surtout à dévoiler les ruses et les erreurs de Marcion[2]. Polycrate, qui, plus tard, devait présider en quelque sorte à l’Église d’Asie, brillait déjà par ses écrits[3]. Une foule de livres se produisaient de tous les côtés[4]. Jamais peut-être le christianisme n’a plus écrit que durant le iie siècle en Asie. La culture littéraire était extrêmement répandue dans cette province ; l’art d’écrire y était fort commun, et le christianisme en profitait. La littérature des Pères de l’Église commençait. Les siècles suivants ne dépassèrent pas ces premiers essais de l’éloquence chrétienne ; mais, au point de vue de l’orthodoxie, les livres de ces Pères du iie siècle offraient plus d’une pierre d’achoppement. La lecture en devint suspecte ; on les copia de moins en moins, et ainsi presque tous ces beaux écrits disparurent, pour faire place aux écrivains classiques, postérieurs au concile de Nicée, écrivains plus corrects comme doctrine, mais, en général, bien moins originaux que ceux du iie siècle.

  1. Eusèbe, IV, H. E., ch. xxi et xxviii ; Chron., édit. Schœne, p. 177 ; saint Jérôme, De viris ill., 31 ; Théodoret, Hær. fab., I, 21.
  2. Eusèbe, IV, ch. xxi et xxv.
  3. Eusèbe, V, xxiv ; saint Jérôme, De viris ill., 45 ; Labbe, Conc., I, p. 600.
  4. Eusèbe, IV, ch. xxi, xxv.