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écrivit pour eux son ouvrage sur la Pâque, où il maintenait la tradition du 14 de nisan[1]. Apollinaire garda une modération qui ne fut pas toujours imitée[2]. L’opinion universelle d’Asie resta fidèle à la tradition judaïsante ; la controverse de Laodicée et la manifestation d’Apollinaire n’eurent pas de conséquences immédiates[3]. Les parties reculées de la Syrie, à plus forte raison les judéo-chrétiens et les ébionites, restèrent également fidèles à l’observance juive. Quant au reste du monde chrétien, entraîné par l’exemple de l’église de Rome, il adopta l’usage anti-judaïque. Même les Églises d’origine asiatique des Gaules, qui d’abord avaient sans doute célébré la pâque le 14 de nisan[4], se rangèrent promptement au calendrier universel, qui était le calendrier vraiment chrétien. Le souvenir de la résurrection rem-

    qui, défendant l’opinion contraire aux quartodécimans, semble combattre Méliton, non Apollinaire. Enfin l’auteur de la Chronique pascale, adversaire des quartodécimans, cite en sa faveur Apollinaire, Clément, Hippolyte, mais non Méliton.

  1. Eus., IV, xxvi, 2-3 ; V, xxiv, 5.
  2. Eusèbe (ch. xxvii) ne parle pas d’un traité d’Apollinaire sur la Pâque ; mais la citation de la Chronique pascale prouve que l’évêque d’Hiérapolis avait traité la question, peut-être dans ses deux traités Contre les juifs.
  3. En 196, l’opinion quartodécimane est celle de « toutes les Églises d’Asie ». Eus., V, xxiii, 1.
  4. Irénée, dans Eus., V, xxiv, 11.