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CHAPITRE XIV.


RÉSISTANCE DE L’ÉGLISE ORTHODOXE.


La lutte dura plus d’un demi-siècle ; mais la victoire ne fut jamais douteuse. Les phrygastes, comme on les appelait, n’avaient qu’un tort ; il était grave : c’était de faire ce que firent les apôtres, et cela quand, depuis cent ans, la liberté des charismes n’était plus qu’un inconvénient. L’Église était déjà trop fortement constituée pour que l’indiscipline des exaltés de Phrygie pût l’ébranler. Tout en admirant les saints que produisait cette grande école d’ascétisme, l’immense majorité des fidèles refusait d’abandonner ses pasteurs pour suivre des maîtres errants. Montan, Priscille et Maximille moururent sans laisser de successeurs[1]. Ce qui assura le triomphe de l’Église orthodoxe, ce fut le talent de ses polémistes. Apollinaire d’Hiérapolis ramena tout ce qui n’était pas

  1. L’Anonyme dans Eus. V, xvii, 4.