Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/293

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bares sont frappés et renversés par la foudre. Quelques-uns crurent à l’intervention d’un magicien égyptien, nommé Arnouphis, qui suivait l’armée et dont on supposa que les incantations avaient fait intervenir les dieux, en particulier Hermès aérien[1].

La légion qui avait reçu cette marque de la faveur céleste put prendre, au moins dans l’usage et pour un temps, le nom de Fulminata[2]. Une telle épithète n’aurait eu rien de nouveau. Tout endroit touché par la foudre était sacré chez les Romains ; la légion dont les campements avaient été atteints par les carreaux célestes devait être regardée comme ayant reçu une sorte de baptême de feu ; Fulminata devenait pour elle un titre d’honneur. Une légion, la douzième, qui, depuis le siège de Jérusalem, auquel elle prit part, fut fixée à Mélitène[3], près de l’Euphrate, dans la Petite Arménie, porta ce titre dès le temps d’Auguste, sans doute par suite d’un accident physique

  1. Dion Cassius, l. c. ; Suidas, aux mots Ἄρνουφις et Ἰουλιανός. Cf. Lampride, Héliog., 9.
  2. Κεραυνόϐολος, « frappée de la foudre », fulminata (comparez κεραυνοϐόλιον, « endroit frappé de la foudre »). C’est à tort qu’on écrit (Eus., V, v, 4) κεραυνοϐόλος, fulminatrix, au sens actif. Selon Apollinaire, la légion aurait reçu de l’empereur le nom de Fulminata ; mais cela est difficile à croire.
  3. Jos., B. J., VII, i, 3.