Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/297

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rien modifiée[1]. On a supposé que la révolte d’Avidius Cassius, appuyée par la sympathie de la Syrie tout entière, surtout d’Antioche, indisposa l’empereur contre les chrétiens, nombreux en ces parages. Cela est bien peu probable. La révolte d’Avidius eut lieu en 172, et la recrudescence de persécutions se remarque surtout vers 176[2]. Les chrétiens se tenaient à l’écart de toute politique[3] ; d’ailleurs, à propos d’Avidius, le pardon déborda du cœur aimant de Marc-Aurèle[4]. Le nombre des martyrs, cependant, ne fit qu’augmenter ; dans trois ou quatre ans, la persécution atteindra le plus haut degré de fureur qu’elle ait connu avant Dèce. En Afrique, Vigellius Saturninus va tirer l’épée[5], et Dieu sait quand elle sera remise au fourreau. La Sardaigne se remplissait de déportés, qui devaient être rappelés sous Commode, par l’influence de Marcia[6]. Byzance vit des horreurs. Presque toute la communauté fut ar-

  1. Tertullien, Eusèbe, Xiphilin, la Chronique pascale, ne soutiennent le contraire que par système.
  2. Voir mes Mél. d’histoire et de voyages, p. 187-188.
  3. Tertullien, Ad Scap., 2 ; Apol., 35.
  4. Dion Cassius, LXXI, 25, 30 ; Capitolin, Vie de Marc, 25 ; Vulcatius, Vie d’Avidius, 9.
  5. Tertullien, Ad Scap., 3. Vigellius Saturninus fit mettre à mort les Scillitains ; or l’épisode des Scillitains est de l’an 180. V. ci-après, p. 457, note 5.
  6. Philos., IX, 12.