Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/300

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Ce qui ne s’était jamais vu, la race des hommes pieux est en Asie persécutée, traquée, au nom de nouveaux édits[1]. D’impudents sycophantes, avides des dépouilles d’autrui, prenant prétexte de la législation existante[2], exercent leur brigandage à la face de tous, guettant nuit et jour, pour les faire saisir, des gens qui n’ont fait aucun mal… Si tout cela s’exécute par ton ordre, c’est bien ; car il ne saurait se faire qu’un prince juste commande quelque chose d’injuste ; volontiers alors nous acceptons une telle mort comme le sort que nous avons mérité. Nous ne t’adressons qu’une demande, c’est qu’après avoir examiné par toi-même l’affaire de ceux qu’on te présente comme des séditieux, tu veuilles bien juger s’ils méritent la mort ou s’ils ne sont pas plutôt dignes de vivre en paix sous la protection de la loi. Que si ce nouvel édit et ces mesures[3], qu’on ne se permettrait pas même contre des ennemis barbares, ne viennent pas de toi, nous te supplions d’autant plus instamment de ne pas nous abandonner dorénavant à un pareil brigandage public.


Nous avons déjà vu Méliton[4] faire à l’empire les plus singulières avances, pour le cas où il voudrait

    cf., ibid., IV, xiii, 8 ; Chron., p. 172, 173, et saint Jérôme, De viris ill., 27), et dans la Chron. pascale, p. 258, 259 (Du Cange). — L’ouvrage est sûrement postérieur à la mort de Vérus, arrivée à la fin de 169. De plus, le μετὰ τοῦ παιδός (Eus., IV, xxvi, 7) porte à en rabattre la date après 175, ou même après 177. V. Tillemont, Mém., II, p. 663, 664.

  1. Καινοῖς δόγμασι
  2. Ἐκ τῶν διαταγμάτων
  3. Ἡ βουλὴ αὕτη καὶ τὸ καινὸν τοῦτο διάταγμα
  4. V. ci-dessus, p. 186 et suiv.