Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/301

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devenir le protecteur de la vérité. Dans l’Apologie, ces avances sont encore plus accentuées. Méliton s’attache à montrer que le christianisme se contente du droit commun et qu’il a de quoi se faire chérir d’un vrai Romain[1].


Oui, c’est vrai, notre philosophie a d’abord pris naissance chez les barbares ; mais le moment où elle a commencé de fleurir parmi les peuples de tes États ayant coïncidé avec le grand règne d’Auguste, ton ancêtre, fut comme un heureux augure pour l’empire. C’est de ce moment, en effet, que date le développement colossal de cette brillante puissance romaine dont tu es et seras, avec ton fils[2], l’héritier acclamé de nos vœux, pourvu que tu veuilles bien protéger cette philosophie qui a été en quelque sorte la sœur de lait de l’empire, puisqu’elle est née avec son fondateur et que tes ancêtres l’ont honorée à l’égal des autres cultes. Et ce qui prouve bien que notre doctrine a été destinée à fleurir parallèlement aux progrès de votre glorieux empire, c’est qu’à partir de son apparition, tout vous réussit à merveille. Seuls Néron et Domitien, trompés par quelques calomniateurs, se montrèrent malveillants pour notre religion ; et ces calomnies, comme il arrive d’ordinaire, ont été acceptées ensuite sans examen. Mais leur erreur a été corrigée par tes pieux parents[3], lesquels, en de fréquents rescrits, ont réprimé le zèle de ceux qui voulaient entrer dans les voies de rigueur contre nous.

  1. Méliton, dans Eus., H. E., IV, xxvi, 7 et suiv.
  2. Ces paroles s’adressent à Marc-Aurèle. Le fils dont il s’agit est Commode. Comp. Athénagore, Leg., 37.
  3. Adrien et Antonin.