Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/308

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grecque de Lyon, et non à la grande évangélisation latine de la Gaule au iiie et au ive siècle[1].

Ainsi, de Smyrne jusqu’aux parties inaccessibles de la Gaule, s’étendait un sillon de forte activité chrétienne[2]. La communauté lugduno-viennoise était liée par une correspondance active avec les Églises mères d’Asie et de Phrygie. Les facilités qu’offrait la navigation du Rhône servaient à la prompte importation de toutes les nouveautés ; tel Évangile de récente fabrique[3], tel système fraîchement éclos de la subtilité alexandrine, tel charisme mis à la mode par les sectaires d’Asie Mineure, étaient connus à Lyon ou à Vienne presque au lendemain de leur apparition. L’imagination vive des habitants était un véhicule plus puissant encore. Un mysticisme exalté, une délicatesse de nerfs allant jusqu’à l’hystérie, une chaleur de cœur capable de tous les sacrifices, mais susceptible aussi d’amener tous les égarements, étaient le caractère de ces chrétientés gallo-grec-

  1. Légendes des saints Marcel et Valérien, de saint Bénigne, saint Andoche et saint Symphorien. Tillemont, Mém., III, p. 35 et suiv., 38 et suiv.
  2. Le passage II Tim., iv, 10, peut se rapporter à de très anciennes missions en Gaule. Le Codex Sinaïticus porte εἰς Γαλλία. Cf. Eus., H. E., III, xiv, 8 ; Épiph., li, 11 (note de Petau) ; Théodoret, In II Tim., iv, 10.
  3. Ainsi le Protévangile de Jacques est déjà connu à Lyon, en 177. Comp. Eusèbe, V, i, 9, 10, à Protév., 20, 24.