Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/357

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innocentes victimes sous le nom de Macchabées[1].

Le nombre des victimes avait été de quarante-huit[2]. Les survivants des Églises si cruellement éprouvées se rallièrent bien vite. Vettius Épagathus se retrouva ce qu’il était, le bon génie, le tuteur de l’Église de Lyon. Il n’en fut pas cependant l’évêque. Déjà la distinction de l’ecclésiastique par profession et du laïque qui sera toujours laïque est sensible. Irénée, disciple de Pothin, et qui avait, si on peut s’exprimer ainsi, une éducation et des habitudes cléricales, prit la place de ce dernier dans la direction de l’Église[3]. Ce fut peut-être lui qui rédigea, au nom des communautés de Lyon et de Vienne, cette admirable lettre aux Églises d’Asie et de Phrygie, dont la plus grande partie nous a été conservée, et qui renferme tout le récit des combats des martyrs[4]. C’est un des

  1. C’est l’ancien nom de l’église, d’abord cathédrale, de Saint-Just. Voir Colonia, Hist. litt. de Lyon, I, p. 168 et suiv.
  2. Grég. de Tours, De gloria mart., 49 ; Hist., I, 27 (comp. le martyrologe d’Adon). Bien que très inexacts, ces passages peuvent contenir un écho de la Lettre des Églises, laquelle, quand elle était complète, se terminait par un catalogue et un classement des martyrs. Voir Eusèbe, V, iv, 3.
  3. Eus., V, v, 8 ; xxiii, 3 ; xxiv, 11.
  4. L’esprit est le même que celui d’Irénée (voir surtout Eus., V, ii, 6-7, en comp. Eus., V, xxiv, 18), opposé au gnosticisme, très indulgent pour le montanisme. Rapprochez les idées sur l’Antechrist et sur Satan, qui remplissent la lettre, du millénarisme effréné d’Irénée (Eus., III, xxxix, 13). Notez aussi l’amitié