Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/361

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’usage occidental[1]. L’usage du grec se perdit ; le latin fut bientôt la langue de ces Églises, qui, au ive siècle, ne se distinguent plus essentiellement de celles du reste de la Gaule. Cependant, les traces d’origine grecque ne s’effacèrent que très lentement ; plusieurs usages grecs se conservèrent dans la liturgie à Lyon, à Vienne, à Autun, jusqu’en plein moyen âge[2]. Un souvenir ineffaçable fut inscrit aux annales de l’Église universelle ; ce petit îlot asiatique et phrygien, perdu au milieu des ténèbres de l’Occident, avait jeté un éclat sans égal[3]. La solide bonté de

  1. V. ci-dessus, p. 202 et suiv.
  2. Voir Charvet, Hist. de la sainte Église de Vienne, p. 133 ; Lebrun des Marrettes, Voyage liturgique en France, 1718, p. 27 ; Godeau, Hist. eccl., I, p. 290 ; Tillemont, Mém., II, p. 343 ; Mabillon, De liturgia gallic., p. 280 ; Le Blant, Manuel d’épigr. chrét., p. 93-94 ; ci-dessus, p. 289, et l’Égl. chrét., p. 470. Inscription grecque à Lyon, au vie siècle (Le Blant, Inscr. chrét., no 46) ; à Vienne en 441 (ibid., no 415) ; à Autun (voir ci-dessus, p. 297-298). Hors de Marseille et d’Arles, l’existence d’inscriptions grecques chrétiennes ne doit pas faire croire que l’on parlât ou même que l’on cultivât la langue grecque dans le pays. Ces inscriptions viennent, en général, d’Orientaux, surtout de Syriens (Grég. de Tours, Hist., VII, 31 ; VIII, 1 ; X, 26), dont l’immigration continue jusqu’au vie siècle, et qui avaient l’habitude de se faire des épitaphes grecques, en mentionnant le nom de leur village d’origine. Le Blant, Inscr. chrét., t. II, p. 78. À Arles et à Marseille, le grec vécut jusqu’au vie siècle.
  3. Les légendes des saints Épipode et Alexandre (Tillemont, Mém., III, p. 30 et suiv. ; Ruinart, Acta sinc., p. 73 et suiv.