Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/404

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aux objections tirées des cas où le corps perd son identité. L’immortalité de l’âme ne suffit pas. Des préceptes comme ceux qui concernent l’adultère, la fornication, ne regardent point l’âme, puisque l’âme n’est pas susceptible de pareils méfaits. Le corps a sa part dans la vertu, il doit avoir sa part dans la récompense. L’homme n’est complet que composé de corps et d’âme ; or tout ce qu’on dit des fins de l’homme s’applique à l’homme complet. — Nonobstant tous ces raisonnements, les païens s’obstinaient à dire : « Montrez-nous un ressuscité d’entre les morts, et, quand nous aurons vu, nous croirons[1] », et ils n’avaient pas tout à fait tort.

Théophile, évêque d’Antioche, vers 170[2], est, comme Athénagore, un converti de l’hellénisme[3], qui, en se convertissant, n’a pas cru faire autre chose que changer une philosophie pour une autre meilleure. C’était un docteur très fécond, un catéchiste doué d’un grand talent d’exposition, un polémiste habile selon les idées du temps. Il écrivit contre le dualisme de Marcion et contre Hermo-

  1. Théophile, Ad Autol., I, 13.
  2. Eusèbe, IV, ch. xx, xxiv ; Chronique, an 170 ; saint Jérôme, De viris ill., 25 ; Ad Algasiam, quæst. 6, t. IV, 1re part., p. 197, Mart. ; In Matth., proœm. Voir Tillemont, Mém., III, p. 49-53, 611-612.
  3. Ad Autol., I, 14.