Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/406

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de trois personnes : Dieu, le Verbe, la Sagesse[1]. Sa confiance en la lecture des prophètes, comme moyen de conversion des païens, peut paraître exagérée[2]. Son érudition est abondante ; mais la critique lui fait totalement défaut, et l’exégèse qu’il donne des premiers chapitres de la Genèse est très faible[3]. Que dire de l’assurance avec laquelle il cite aux païens, comme une autorité décisive, la sibylle judéo-chrétienne[4], dont il admet pleinement l’authenticité ?

En somme, Théophile se rapproche bien plus de l’esprit étroit et haineux de Tatien que de l’esprit libéral de Justin et d’Athénagore. Quelquefois il admet que les philosophes et les poètes grecs ont devancé la révélation, notamment en ce qui concerne la conflagration finale du monde[5] ; mais le plus souvent il les trouve entachés d’erreurs énormes[6]. Les Grecs ont pillé la Genèse en l’altérant[7]. La sagesse grecque n’est qu’un pâle, moderne et faible plagiat de Moïse[8]. De même que la mer se dessécherait, si elle n’était sans cesse alimentée par les

  1. Τῆς τρίαδος, Ad Autol., II, 15 ; Cf. I, 3, 5 ; II, 10, 22.
  2. Ad Autol., I, 14 ; 11, 9.
  3. Ibid., II, 10 et suiv.
  4. Ibid., II, 9, 31, 36, 38.
  5. Ibid., II, 37, 38.
  6. Ibid., II, 4-8 ; III, 1-3, 6-7, 16, 18.
  7. Ibid., II, 12.
  8. Ibid., III, 17, 20-30.