Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/453

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insuffisante, même en ses maîtres les plus vénérés. Justin et l’auteur de l’Épître à Diognète n’en disaient guère davantage. Numénius n’appartint pas cependant à l’Église ; la sympathie et l’admiration pour une doctrine n’entraîne pas chez un éclectique l’adhésion formelle à cette doctrine. Numénius est un des précurseurs du néoplatonisme ; c’est par lui que l’influence de Philon et une certaine connaissance du christianisme pénètrent dans l’école d’Alexandrie. Ammonius Saccas, à l’heure où nous finissons cette histoire, fréquente peut-être encore l’église, d’où la philosophie ne tardera pas à le faire sortir. Clément, Ammonius, Origène, Plotin ! Quel siècle va s’ouvrir pour la ville qui nourrit tous ces grands hommes, et devient de plus en plus la capitale intellectuelle de l’Orient !

La Syrie comptait beaucoup de ces esprits indépendants, qui se montraient favorables au christianisme, sans pour cela l’embrasser. Tel fut ce Mara, fils de Sérapion[1], qui considérait Jésus comme un lé-

  1. Lettre de Mara, fils de Sérapion, dans Cureton, Spicil syr., p. 73-74. Comparez Justin, Dial., 16. Voir l’Antechrist, p. 65 ; les Évangiles, p. 40, note 3 ; Land, Anecdota syr., p. 30. Ce singulier ouvrage cite l’oracle sibyllin sur Samos, et parle de la dispersion des Juifs comme ayant été la conséquence immédiate de la mort de Jésus. Il est donc d’une époque où l’intervalle de 33 à 70 faisait l’effet de 0, et où la dispersion des Juifs était devenue un