Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/457

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sager. Jésus n’a pas eu de corps véritable ; il s’est uni à un fantôme. Il semble que, vers la fin de sa vie, Bardesane se rapprocha des catholiques ; mais, en définitive, l’orthodoxie le repoussa[1]. Après avoir enchanté sa génération par une prédication brillante, par son ardent idéalisme et par son charme personnel, il fut accablé d’anathèmes ; on le classa parmi les gnostiques[2], lui qui n’avait jamais voulu être classé.

Un seul des traités de Bardesane trouva grâce auprès des lecteurs orthodoxes ; ce fut un dialogue dans lequel il combattait la pire erreur de l’Orient, l’erreur chaldéenne, le fatalisme astrologique. La forme des entretiens socratiques plaisait à Bardesane. Il aimait à poser pour le public environné de ses amis et discutant avec eux les plus hauts problèmes de la philosophie[3]. Un des disciples nommé Philippe rédigeait ou était censé rédiger l’entretien[4]. Dans le dialogue sur la fatalité, l’interlocuteur principal de

  1. Eusèbe, H. E., IV, 30, paraît avoir mieux saisi qu’Épiphane (l. c.) la vraie marche de l’esprit de Bardesane.
  2. Voir surtout les ardentes réfutations de saint Éphrem (Hymnes, i, ii, iii, lii, liii, lv, lvi), entachées sans doute du même défaut que celles de saint Épiphane, c’est-à-dire d’une tendance à faire rentrer la doctrine en question dans les cadres généraux des erreurs gnostiques.
  3. Eusèbe, Præp., VI, 9, fin.
  4. Cureton, p. iii ; Land, Anecdota syr., I, p. 30, 51-53. Bardesane n’en était pas moins considéré comme auteur, de même