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tout le monde, surtout les jeunes gens[1]. C’était à la fois philosophique, poétique, chrétien. La strophe se composait de onze ou douze vers de cinq syllabes, scandés d’après l’accent[2]. On chantait les hymnes en chœur, au son de la cithare, sur des airs grecs. L’influence civilisatrice de cette belle musique fut considérable. Presque toute l’Osrhoène se fit chrétienne. Malheureusement Abgar IX, fils d’Abgar VIII, fut détrôné en 216 par Caracalla ; ce phénomène éphémère d’une petite principauté fondée sur les principes d’un christianisme libéral disparut ; le christianisme continua de faire des progrès en Syrie, mais dans la direction orthodoxe et en s’écartant chaque jour davantage des libertés spéculatives qu’il s’était d’abord permises.

Les rapports de Bardesane avec l’empire romain sont obscurs[3]. Selon certaines apparences, la persé-

  1. Saint Éphrem, Hymnes, i, p. 439 d ; liii, p. 553-554.
  2. Zingerle, dans Zeitschr. der d. m. G., 1848, 66 et suiv. ; 1856, 116 et suiv., etc. Ce rythme avait beaucoup d’analogie avec celui de l’hymne au Christ, dans Clément d’Alexandrie, Pædag., III, 12, ad calcem.
  3. Nous ne croyons pas que Bardesane de Babylone, auteur d’un ouvrage sur l’Inde, fait d’après les récits des ambassadeurs indiens qui vinrent trouver Héliogabale, vers 220 (Porphyre, De abstinentia, IV, 17 ; Stobée, Ecl., I, iii, 56 ; cf. saint Jérôme, in Jov., II, 14, p. 206, Mart.), soit identique à notre Bardesane. Voir Lassen, Ind. Alterth., III, p. 62, 348 et suiv., 361, 367 et