Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/466

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parts[1] », disaient les malveillants. — Tertullien, d’un autre côté, écrira dans vingt ans : « Nous sommes d’hier, et déjà nous remplissons tous vos cadres, vos cités, vos places fortes, vos conseils, vos camps, vos tribus, vos décuries, le palais, le Sénat, le forum ; nous ne vous laissons que vos temples. Sans recourir aux armes, auxquelles nous sommes peu propres, nous pourrions vous combattre en nous séparant de vous ; vous seriez effrayés de votre solitude[2], d’un silence qui paraîtrait la stupeur d’un monde mort. »

Jusqu’au temps d’Adrien, la connaissance du christianisme est le fait des gens qui sont dans les secrets de la police et d’un petit nombre de curieux[3]. Maintenant la religion nouvelle jouit de la plus grande publicité. Dans la partie orientale de l’empire, nul n’ignore son existence ; les lettrés en par-

  1. Minucius Félix, 9 ; Celse, voyez ci-dessus, p. 369 et suiv. Celse se contredit, selon les besoins de sa polémique, tantôt présentant les chrétiens comme réduits par les exécutions à un petit nombre de fugitifs, tantôt les adjurant de ne pas persister dans leur abstention, qui tue la patrie et la livre aux barbares.
  2. Apol., 1, 21, 37, 41, 42. Cf. Ad nat., I, 7 ; Ad Scapulam, 2, 3, 4, 5 ; Adv. Judæos, 13. Cf. Arnobe, I, 24. Corrigez ces exagérations par Origène, In Matth. comm. series, p. 857, 2e col., f, Delarue.
  3. Voir ci-dessus, p. 54, 56, 110, les opinions de Marc-Aurèle, d’Épictète, de Galien, d’Aristide, d’Apulée. Pour Phlégon, voir Origène, Contre Celse, II, 14, 33.