Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/472

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hasardeux de conclure qu’il y eût des fidèles portant ces grands noms par le droit du sang. La clientèle et la servilité étaient l’origine de ces ambitieux agnomina. — De même, l’étiage intellectuel fut d’abord assez bas[1]. Cette haute culture de la raison que la Grèce avait inaugurée fit généralement défaut dans les deux premières générations. Avec Justin, Minucius Félix, l’auteur de l’Épître à Diognète, la moyenne s’élève ; bientôt avec Clément d’Alexandrie et Origène, elle s’élèvera encore ; à partir du iiie siècle, le christianisme possédera des hommes ayant avec les hommes éclairés du siècle une commune mesure.

Le grec est encore essentiellement la langue chrétienne. Les plus anciennes catacombes sont toutes grecques. Au milieu du iiie siècle, les sépultures des papes ont des épitaphes en grec[2]. Le pape Corneille écrit aux Églises en grec[3]. La liturgie romaine est en langue hellénique ; même quand le latin a pré-

    de la Gaule, I, p. 118 et suiv. ; Revue arch., avril 1880, p. 322 et suiv. « de ultima fæce ». Min. Fel., 8 (cf. 36) ; Celse, voir ci-dessus, p. 362 et suiv. ; saint Jérôme, In Gal., III, prol. ; Actes des martyrs, Le Blant, Revue arch., l. c.

  1. Justin, Apol. II, 10 ; Athénag., 11. Facilité à se laisser duper : Lucien, Peregr., 13.
  2. Catacombe de saint Calliste : de Rossi, Roma sott., II, p. 27 et suiv. La première épitaphe latine est celle de saint Corneille, mort en 252.
  3. Eusèbe, H. E., VI, xliii, 3 et suiv.