Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/474

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écrits[1], préférera heureusement la seconde, et présentera le phénomène littéraire le plus étrange : un mélange inouï de talent, de fausseté d’esprit, d’éloquence et de mauvais goût ; grand écrivain, si l’on admet que sacrifier toute grammaire et toute correction à l’effet soit bien écrire. Enfin, l’Afrique donnera au monde un livre fondamental, la Bible latine. Une au moins des premières traductions latines de l’Ancien et du Nouveau Testament a été faite en Afrique[2] ; le texte latin de la messe, des parties capitales de la liturgie, paraissent également d’origine africaine. La lingua volgata d’Afrique[3] contribua ainsi dans une large part à la formation de la langue ecclésiastique de l’Occident, et ainsi elle exerça une influence décisive sur nos langues mo-

  1. De corona, 6 ; De virgin. vel., 1 ; De bapt., 15. Je crois que l’original des Actes des martyrs scillitains, qui sont de l’an 180, était en grec. (Acyllinus en certains manuscrits pour Aquilinus. Lætantius pour Καιλεστῖνος, και ayant été pris pour la copule.) Usener, Acta mart. Scylit. græce, Bonn, 1881 ; Aubé, Étude sur un nouveau texte des Actes des martyrs scillitains, Paris, 1881.
  2. Voir les éditions et travaux de Vercellone, Rœnsch, Reusch, Ziegler, E. Ranke, surtout Ziegler, Die latein. Bibelübersetz. vor Hieronymus, Munich, 1879. Le Codex Lugdunensis, récemment publié par M. Ulysse Robert (Paris, 1881), contient une version qui paraît africaine. Voir p. cxxv et suiv., cxli et suiv.
  3. Se rappeler certaines inscriptions (par exemple Guérin, Voy. en Tun., I, p. 289, 313 et suiv.) ; les rapprocher de Commodien et du Canon de Muratori.