Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/535

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cancel de séparation entre le presbyterium et le reste de la salle. Deux réminiscences dominent tout cet enfantement de l’architecture chrétienne : d’abord un vague souvenir du temple de Jérusalem, dont une partie était accessible aux seuls prêtres ; puis une préoccupation de la grande liturgie céleste par laquelle débute l’Apocalypse. L’influence de ce livre sur la liturgie fut de premier ordre. On voulut faire sur terre ce que les vingt-quatre vieillards et les chantres zoomorphes font devant le trône de Dieu. Le service de l’Église fut ainsi calqué sur celui du ciel. L’usage de l’encens[1] vint sans doute de la même inspiration. Les lampes et les cierges étaient surtout employés dans les funérailles[2].

Le grand acte liturgique du dimanche était un chef-d’œuvre de mysticité et d’entente des sentiments populaires. C’était bien déjà la messe[3], mais la messe complète, non la messe aplatie, si j’ose le dire, écrasée comme de nos jours ; c’était la messe vivante dans toutes ses parties, chaque partie conservant la signification primitive qu’elle devait plus tard si étrangement perdre. Ce mélange habilement com-

  1. Saint Hippolyte, De consummatione mundi, c. xxxiv
  2. Le passage Lactance, Instit. div., VI, 2, n’est pas une grave objection.
  3. Constit. apost., II, 57 ; Eusèbe, Oratio Constantini, 12.