Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/536

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posé de psaumes, de cantiques, de prières, de lectures, de professions de foi, ce dialogue sacré entre l’évêque et le peuple, préparaient les âmes à penser et à sentir en commun. L’homélie de l’évêque, la lecture de la correspondance des évêques étrangers et des Églises persécutées, donnaient la vie et l’actualité à la pacifique réunion. Puis venait la préface solennelle du mystère, annonce pleine de gravité, rappel des âmes au recueillement ; puis le mystère lui-même, un canon secret, des prières plus saintes encore que celles qui ont précédé ; puis l’acte de fraternité suprême, la participation au même pain, à la même coupe. Une sorte de silence solennel plane sur l’église en ce moment. Puis, quand le mystère est fini, la vie renaît, les chants recommencent, les actions de grâces se multiplient ; une longue prière embrasse tous les ordres de l’Église, toutes les situations de l’humanité, tous les pouvoirs établis[1]. Puis le président, après avoir échangé avec les fidèles de pieux souhaits, congédie l’assemblée par la formule ordinaire dans les audiences judiciaires[2], et les frères

  1. Const. apost., VIII, ch. x, xi. Ces prières sont du temps des persécutions, puisqu’il s’y trouve des suffrages pour les persécuteurs et pour les confesseurs qui sont en prison ou dans les mines.
  2. Ite, missa est. De là probablement le nom de messe. Comp. la λαοῖς ἄφεσις, à la fin de la messe isiaque. Apulée, Metam., XI, 17. Voir Du Cange, au mot missa.