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CHAPITRE XXXII.


RÉVOLUTION SOCIALE ET POLITIQUE AMENÉE
PAR LE CHRISTIANISME.


Ainsi, à mesure que l’empire baisse, le christianisme s’élève. Durant le iiie siècle, le christianisme suce comme un vampire la société antique, soutire toutes ses forces et amène cet énervement général contre lequel luttent vainement les empereurs patriotes. Le christianisme n’a pas besoin d’attaquer de vive force ; il n’a qu’à se renfermer dans ses églises. Il se venge en ne servant pas l’État, car il détient presque à lui seul des principes sans lesquels l’État ne saurait prospérer. C’est la grande guerre que nous voyons aujourd’hui faite à l’État par nos conservateurs. L’armée, la magistrature, les services publics ont besoin d’une certaine somme de sérieux et d’honnêteté. Quand les classes qui pourraient fournir ce sérieux et cette honnêteté