Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/639

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la force intérieure de l’Église, les populations de l’Asie Mineure, de la Syrie, de la Thrace, de la Macédoine, en un mot de la partie orientale de l’empire, déjà plus qu’à demi chrétiennes. Sa mère, qui avait été servante d’auberge à Nicomédie, fit miroiter à ses yeux un empire d’Orient, ayant son centre vers Nicée, et dont le nerf serait la faveur des évêques et de ces multitudes de pauvres matriculés à l’Église, qui, dans les grandes villes, faisaient l’opinion. Constantin inaugura ce qu’on appelle « la paix de l’Église », et ce qui fut en réalité la domination de l’Église. Au point de vue de l’Occident, cela nous étonne ; car les chrétiens n’étaient encore, en Occident, qu’une faible minorité ; en Orient, la politique de Constantin fut non seulement naturelle, mais commandée.

La réaction de Julien fut un caprice sans portée. Après la lutte, vinrent l’union intime et l’amour. Théodose inaugure l’empire chrétien, c’est-à-dire la chose que l’Église, dans sa longue vie, a le plus aimée, un empire théocratique, dont l’Église est le cadre essentiel, et qui, même après avoir été détruit par les barbares, reste le rêve éternel de la conscience chrétienne, au moins dans les pays romans. Plusieurs crurent, en effet, qu’avec Théodose le but du christianisme était atteint. L’empire et le christianisme s’identifièrent à un tel point l’un avec l’autre que