Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/661

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l’Amazone roula d’abord dans un pli de terrain large d’un pas. C’est le tableau de ce cours supérieur que j’ai voulu faire ; heureux si j’ai présenté dans sa vérité ce qu’il y eut sur ces hauts sommets de sève et de force, de sensations tantôt chaudes, tantôt glaciales, de vie divine et de commerce avec le ciel ; les créateurs du christianisme occupent à bon droit le premier rang dans les hommages de l’humanité. Les hommes nous furent très inférieurs dans la connaissance du réel ; mais ils n’eurent point d’égaux en conviction, en dévouement. Or c’est là ce qui fonde. La solidité d’une construction est en raison de la somme de vertu, c’est-à-dire de sacrifices, qu’on a déposée en ses fondements.

Dans cet édifice démoli par le temps, que de pierres excellentes, d’ailleurs, qui pourraient être réemployées telles qu’elles sont, au profit de nos constructions modernes ! Qui mieux que le judaïsme messianiste nous enseignera l’inébranlable espérance en un avenir heureux, la foi dans une destinée brillante pour l’humanité, sous le gouvernement d’une aristocratie de justes ? Le royaume de Dieu n’est-il pas l’expression parfaite du but final que poursuit l’idéaliste ? Le Sermon sur la montagne en reste le code accompli ; l’amour réciproque, la douceur, la bonté, le désintéressement seront toujours les lois essen-