Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/662

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tielles de la vie parfaite. L’association des faibles est la solution légitime de la plupart des problèmes que soulève l’organisation de l’humanité ; le christianisme peut donner sur ce point des leçons à tous les siècles. Le martyr chrétien restera, jusqu’à la fin des temps, le type du défenseur des droits de la conscience. Enfin, l’art difficile et dangereux de gouverner les âmes, s’il est relevé un jour, le sera sur les modèles fournis par les premiers docteurs chrétiens. Ils eurent des secrets qu’on n’apprendra qu’à leur école. Il y a eu des professeurs de vertu plus austères, plus fermes peut-être ; mais il n’y a jamais eu de pareils maîtres en la science du bonheur. La volupté des âmes est le grand art chrétien, à tel point que la société civile a été obligée de prendre des précautions pour que l’homme ne s’y ensevelît pas. La patrie et la famille sont les deux grandes formes naturelles de l’association humaine. Elles sont toutes deux nécessaires ; mais elles ne sauraient suffire. Il faut maintenir à côté d’elles la place d’une institution où l’on reçoive la nourriture de l’âme, la consolation, les conseils ; où l’on organise la charité ; où l’on trouve des maîtres spirituels, un directeur. Cela s’appelle l’Église ; on ne s’en passera jamais, sous peine de réduire la vie à une sécheresse désespérante, surtout pour les femmes. Ce qui im-