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Marc-Aurèle lui-même présida la cérémonie, en costume de pontife, entouré de personnages vêtus de longues robes. Les deux lions furent assommés à coups de bâton sur l’autre rive[1], et les Romains taillés en pièces. Ces mésaventures ne perdirent point l’imposteur qui, protégé par Rutilianus, sut échapper à tout ce que les défenseurs du bon sens public essayèrent pour l’arrêter. Il mourut dans sa gloire ; ses statues, vers 178, étaient l’objet d’un culte public, surtout à Parium, où son tombeau décorait la place publique[2]. Nicomédie mit Glycon sur ses monnaies[3] ; Pergame aussi l’honora[4]. Des inscriptions latines, trouvées en Dacie et dans la Mœsie supérieure, attestent que Glycon eut au loin de nombreux dévots et qu’Alexandre lui fut associé comme dieu[5].

Cette théologie baroque eut même son développe-

  1. Colonne Antonine, Bellori, pl. 13.
  2. Athénag., Leg., 26. On a eu tort d’élever des doutes sur l’identité de l’Alexandre dont parle Athénagore et d’Alexandre d’Abonotique. Tout au plus se pourrait-il que la statue de Parium ne fût pas tumulaire.
  3. Cavedoni, Bull, de l’Inst. arch., 1840, p. 107-109 ; L. Fivel, Gazette archéol., sept. 1879, p. 184-187.
  4. Panofka, Asklepios und die Asklepiaden, p. 48 ; Fivel, l. c. : Cela résulte des noms de stratèges Glycon et Glyconien, plutôt que du type.
  5. Corp. inscr. lat., nos  1021, 1022 (Alba Julia, en Transylvanie) ; Ephemeris epigr. Corp. inscr. lat. suppl., t. II, fascic. iv, p. 331 (rive gauche du Vardar).