Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/86

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qu’y faire ? On ne peut être à la fois deux choses contradictoires. Marc-Aurèle était Romain ; quand il persécutait, il agissait en Romain. Dans soixante ans, un empereur aussi bon de cœur, mais moins éclairé d’esprit que Marc-Aurèle, Alexandre Sévère, remplira, sans égard pour aucune des maximes romaines, le programme du vrai libéralisme ; il accordera la liberté complète de conscience, retirera les lois restrictives de la liberté d’association. Nous l’approuvons entièrement. Mais Alexandre Sévère fit cela parce qu’il était syrien, étranger à la tradition impériale. Il échoua, du reste, complètement dans son entreprise. Tous les grands restaurateurs de la chose romaine qui paraîtront après lui, Dèce, Aurélien, Dioclétien, reviendront aux principes établis et suivis par Trajan, Antonin, Marc-Aurèle. L’entière paix de conscience de ces grands hommes ne doit donc pas nous surprendre ; c’est évidemment avec une absolue sérénité de cœur que Marc, en particulier, dédia au Capitole un temple à sa déesse favorite, à la Bonté[1].

  1. Dion Cassius, LXXI, 34.