Page:Renan - Melanges Histoires et Voyages,Calmann,1878.djvu/158

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En somme, les deux dernières publications de M. Layard, jointes à celles qui avaient déjà rendu son nom célèbre dans l’Europe savante, assurent à leur auteur une des premières places parmi les explorateurs de l’Orient assyrien. Séparant avec soin le rôle du philologue de celui de l’antiquaire et du voyageur, M. Layard a su se garder de l’illusion qui a égaré jusqu’ici presque tous ceux qui ont mis le pied sur ce terrain périlleux ; et, bien qu’il semble parfois accorder plus de confiance qu’elles n’en méritent peut-être aux interprétations que l’on a essayé de donner des inscriptions cunéiformes assyriennes, il n’a rien de cette assurance qui prétend arriver par la divination à ce qui ne saurait être le résultat que de la philologie la plus patiente et la plus spéciale. Souvent, pour l’interprétation des inscriptions égyptiennes, cunéiformes, hébraïques. M. Layard s’en réfère à l’opinion de quelques-uns de ses doctes compatriotes. Cette partie de l’ouvrage, dont il ne porte qu’à demi la responsabilité, est sans contredit la plus faible. Ainsi, comment peut-il rapporter à l’époque la plus ancienne du séjour des Hébreux à Babylone les inscriptions en caractère carré ou palmyrénien qu’il y a trouvées, quand il est évident, par les idées magiques et cabalistiques qui s’y rencontrent, que ces inscriptions appartiennent à une assez basse époque ? On peut regretter aussi que M. Layard ait donné place, en tête de son ouvrage et de son atlas, à un essai de restitution des palais de Nimroud et de Koyounjik, où l’imagination de l’artiste s’est, il faut l’avouer, singulièrement donné carrière. Les œuvres de l’art ne sont pas aussi conséquentes que celles de la nature, et, si Cuvier a pu avec quelques ossements