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est perdu, et on ne peut assez le regretter[1]. Marius Maximus devait avoir vu de près les ministres et les lieutenants de Marc-Aurèle. Il était très-défavorable à Faustine[2]. Il croyait à sa complicité dans la révolte d’Avidius Cassius. Malgré les critiques que les anciens ont adressées à l’histoire de Marius Maximus[3], c’est là une autorité sérieuse. Nous entrevoyons déjà clairement que Faustine eut dans l’entourage immédiat de son mari d’ardents ennemis.

Dion Cassius écrivit dans des conditions analogues à celles de Marius Maximus. Il avait connu des familiers de Marc-Aurèle[4], et il a pour cet empereur une admiration sans bornes[5]. Il lui reproche seulement d’avoir eu trop d’indulgence pour les fautes (ἁμαρτήματα) d’autrui, surtout de sa femme[6] et de n’avoir jamais su ni rechercher ni punir ce qui se faisait de mal autour de lui. Il affirme qu’Avidius Cassius se révolta, « trompé par Faustine »[7]. À l’en croire, Faustine, persuadée que Marc-Aurèle était près de mourir, voyant d’ailleurs Commode très-jeune et peu doué du côté de l’intelligence, voulut s’assurer l’avenir. Par un message secret, elle aurait invité Avidius Cassius à se faire proclamer, dès qu’il apprendrait la mort de l’empereur. En cas de succès, elle lui promet-

  1. Voir le mémoire de Borghesi sur Marius Maximus. Œuvres complètes, t. V. p. 455 et suiv.
  2. Vulcatius Gallicanus, Vie d’Avidius Cassius, 9. Marius haïssait Commode et fit des vers contre lui. Lampride, Commode, 13.
  3. Marius Maximus, homo omnium verbosissimus, qui et mythistoricis se voluminibus implicavit. (Vopiscus, Firmus 1.)
  4. Τῶν συγγενομένων αὐτῷ ᾔκουσα. (LXXI, 83.) — Ὡς ἐγὼ σαφῶς ᾔκουσα. (Ibid.) Cf. LXXII, 4.
  5. LXXI, 36.
  6. LXXI, 34.
  7. LXII, 22.