Page:Renan - Melanges Histoires et Voyages,Calmann,1878.djvu/199

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tait de l’épouser. Dion Cassius admet volontiers que Faustine se tua, avant d’entrer en Syrie, pour éviter le jour qui allait se faire sur son intrigue[1]. Comme nous n’avons pas le texte complet de Dion, nous ne pouvons dire s’il insistait sur les autres crimes que l’histoire reproche à Faustine. Cela n’est pas probable cependant ; énumérant, en effet, les malheurs immérités qui frappèrent Marc-Aurèle, il parle de son fils, non de sa femme[2]. Quoi qu’il en soit, il est clair que Dion Cassius appartenait comme Marius Maximus au parti qui, par une sorte de piété pour la mémoire de Marc-Aurèle, jugeait Faustine avec beaucoup de sévérité.

Les historiens de l’Histoire Auguste, environ soixante-dix ans plus tard, présentent les choses d’une manière qui donne bien à réfléchir. Jules Capitolin, le biographe de Marc-Aurèle, raconte les faits les plus graves contre Faustine[3]. Ses débauches, à Rome, à Gaëte, furent ignobles et publiques. Commode n’était pas le fils de Marc-Aurèle ; il aurait eu pour père un gladiateur. Plusieurs fois, on osa conseiller à Marc-Aurèle de répudier son épouse. « Il faudrait rendre la dot, » aurait-il répondu ; la dot, c’était l’empire. Faustine, toujours selon les bruits rapportés par Capitolin, fut complice d’Avidius Cassius. Après avoir eu des relations coupables avec son gendre Lucius Vérus, elle l’aurait empoisonné. Sur la scène, un comédien eut l’audace d’indiquer par un jeu de mots compris de tout le peuple le nom d’un de ses amants.

  1. LXXI, 29.
  2. LXXI, 36.
  3. Capitolin, Ant. Phil., 19, 23, 24, 26, 29 ; le même. Verus Imp., 10. Comparez Lampride, Commodus Ant., 8.