Page:Renan - Melanges Histoires et Voyages,Calmann,1878.djvu/393

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

au XIVe siècle de notre ère, déclarent ouvertement qu’il n’est pas très-convenable d’apprécier le mérite des candidats aux emplois administratifs par leur unique mérite littéraire. Mais l’école de Confucius a vaincu tous les obstacles, et, en obligeant les aspirants aux fonctions publiques sans distinction à passer d’abord par l’étude des King, elle a enchaîné l’esprit chinois dans le respect des anciens usages et lui a inspiré une aversion invincible pour les innovations.

Le concours littéraire est donc en Chine la voie naturelle pour parvenir aux diverses fonctions de l’État. Il est même remarquable que les grades n’y sont point seulement comme chez nous des conditions nécessaires à l’exercice de ces fonctions, mais qu’ils y donnent un certain droit et mettent d’eux-mêmes le gradué sur la liste des éligibles. On pourrait les rapprocher sous ce rapport de notre agrégation plutôt que de nos grades universitaires. Les concours ne sont pas, il est vrai, les seules voies pour parvenir aux emplois publics. Nous avons vu que de fait la faveur et la vénalité infligent à la règle de trop fréquentes exceptions ; il existe même d’autres voies légales, comme le passage par les emplois subalternes, et la protection pour les fils d’officiers supérieurs. Néanmoins le principe général n’en demeure pas moins établi, bien que les empereurs mantchoux, à diverses reprises, en aient senti les abus. Il arrive en effet trop souvent que les lettrés actuels étudient beaucoup plus les arguties du style des concours que les idées morales et politiques contenues dans les ouvrages de Confucius. En 1726, Young-Tching suspendit les études littéraires de la province de Tche-Kiang, parce que les can-