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LES CONGRES PHILOLOGIQUES.

cation finie, ou n’a point à s’en occuper, et que ces matières ne peuvent regarder que les professeurs. En effet, il serait, je crois, difficile de trouver chez nous un philologue qui n’appartienne en quelque manière à l'enseignement, et un livre philologique qui ne se rapporte à un but universitaire. Étrange cercle vicieux ! Car, si ces choses ne sont bonnes qu’à être professées, si ceux-là seuls les étudient qui doivent les enseigner, à quoi bon les enseigner ? À Dieu ne plaise que nous cherchions à rabaisser ces nobles et utiles fonctions qui préparent des esprits sérieux à toutes les carrières ; mais il convient, ce nous semble, de distinguer profondément la science de l’instruction, et de donner à la première, en dehors de la seconde, un but religieux et philosophique. La confusion qu’on en a faite a contribué à jeter une sorte de défaveur sur les branches les plus importantes de la science, sur celles-là mêmes qui, à cause de leur importance, ont mérité d’être choisies pour servir de base aux études classiques. La mode n’est pas aussi sévère contre des études d’une moindre portée, mais qui n’ont pas l’inconvénient de rappeler autant le collège.

La science allemande, je le répète, n’est pas obligée, sous ce rapport, à autant de précautions que la nôtre. Elle peut se permettre des airs d’école qui chez nous feraient le scandale des profanes. Ainsi, dans les congrès qui nous occupent, il arrive souvent qu’on sent trop peu le savant et beaucoup trop le professeur. Nous concevons fort bien l’utilité des réunions scientifiques ; d’un autre côté, nous aimons qu’un conseil spécial discute les questions d’instruction publique ; mais l’opinion ne tolérerait point chez nous un congrès de professeurs réunis pour