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MÉLANGES D’HISTOIRE.

petit nombre d’hommes ; mais ils importent à tout le monde, parce qu’ils se rattachent directement aux intérêts les plus graves de l’humanité.


II.


M. Adolphe Regnier vient déterminer l’impression du savant travail qu’il poursuivait depuis plusieurs années sur le Pràtiçàkhya du Rig-Veda[1]. Toutes les écoles savantes de l’Europe ont apprécié à sa juste valeur cette belle publication, qui apporte un élément d’une fort grande importance à la branche des études philologiques qui a de nos jours le plus d’avenir. La clef des vieilles religions de l’Inde, de la Perse, de la Grèce, du Latium, de la Germanie est dans les Védas. L’antique tissu de fables, où toute poésie a ses racines, qu’Homère ne comprenait déjà plus, dont Eschyle, par moments, a soulevé le voile, qu’Ovide a transformé en historiettes, que Porphyre et Julien ont vainement cherché à interpréter par la philosophie, se retrouve, sous sa forme primitive, la seule qui pouvait en suggérer la vraie explication, dans les vieux hymnes des ancêtres de notre race, conservés par miracle au delà de l’Indus. Il ne s’agit point ici, en effet, d’écrits particuliers à un peuple, d’une littérature nationale et d’un intérêt borné ; il s’agit des origines de toute une race. Les Védas ne sont point propres aux Hin-

  1. Paris. Imprimerie impériale, 1859.