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JOSEPH-VICTOR LE CLERC.

savante et libre. Sa vie innocente et pure a été, malgré la différence des croyances religieuses, une image fidèle de ces vies saintes et graves dont le XVIIe et le XVIIIe siècle nous ont légué le souvenir comme une leçon éternelle de sérieux et de sincérité. Un sculpteur de rare mérite, son confrère à l’Institut, M. Guillaume, nous a rendu sa belle tête, toujours calme et pensive, sa bouche fine et souriante, ses yeux pleins de douceur. Nous voudrions aussi le montrer tel qu’il nous apparut tant de fois dans sa vieillesse respectée, ne vivant que de la passion du vrai, ferme en toutes ses convictions, décoré de la double noblesse de la science et de la vertu. Puissions-nous le rendre à la mémoire de ceux qui l’ont eu pour maître ou pour ami et le peindre à ceux qui ne l’ont pas connu en traits assez justes et assez vrais, pour que cette peinture soit aux uns une consolation, aux autres une excitation à l’imiter !


I.


Joseph-Victor Le Clerc naquit à Paris le 2 décembre 1789[1]. Enfant unique d’une modeste famille d’ouvriers,

  1. L'éloge de M. Le Clerc a déjà été prononcé par M. Bellaguet, à la séance annuelle de la Société de l’histoire de France, le 8 mars 1866, et par M. Guigniaut, à la séance annuelle de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, le 3 août 1866. MM. Egger et Patin, aux funérailles, MM. Berger et Havet, à l'ouverture de leurs cours, rendirent également des hommages bien sentis à la mémoire de leur maître ou de leur confrère.