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502 MÉLANGES DHISTOIRE.

sa force, défendit les jeunes gens qui s’étaient compromis, et ne négligea rien pour contre-balancer les efforts systématiques que l’on fit pour détruire l’Université. Un homme de moindre autorité eût été emporté par la force des temps. M. Le Clerc ne recula pas ; on le respecta, et, au milieu de l’abaissement général, la Sorbonne resta ce qu’elle avait été auparavant. S’il ne se fit pas plus de mal en ces années, c’est en grande partie à M. Le Clerc qu’on le doit. Il s’exprimait sur la nouvelle loi de l’instruction publique de la manière la plus vive ; il la regardait comme devant amener la destruction des études, et il ne cessa de protester que quand le mal eut été en partie réparé.

Il allait ainsi vers la vieillesse, soutenu par ses nobles études, entouré d’anciens amis, M. Hallays-Dabot, M. Viguier, et d’une jeunesse laborieuse qui cherchait à réjouir ses dernières années. Il suivait avec une sollicitude paternelle ceux qu’il avait choisis ; leurs succès étaient les siens. À l’Académie des inscriptions et belles-lettres en particulier, il voulait des jeunes gens ; il pensait que les académies ne doivent pas être des sénats servant de retraite aux savants émérites, et que l’Académie des inscriptions, cumulant le double héritage de l’ancienne Académie et des bénédictins, doit l’être moins qu’aucune autre. Son autorité dans la compagnie était de premier ordre ; nulle parole n’était plus écoutée que la sienne. Par son influence dans les élections, par les sujets de prix qu’il fit proposer et qui presque tous se rapportaient à ses études favorites, il laissa dans ce grand corps un souvenir qui ne s’effacera pas.

Ce qui caractérisa M. Le Clerc, ce fut la faculté de