Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/102

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Très chère amie, l’espace manque encore à mes longues causeries, et j’ai la douleur de songer que désormais elles vont devenir plus rares, moins sûres, moins régulières. Que ce nouvel éloignement me remplit de tristesse ! L’espérance seule me soutient, chère amie. Ah ! que ne puis-je avancer les années !

Ton frère et ami,

E. RENAN


MADEMOISELLE RENAN
palais Zamoyski, Varsovie.


1er juillet 1847.

Je reçois avec bonheur, chère amie, la lettre si longtemps attendue, laquelle m’annonce enfin une halte dans ta vie voyageuse. Malheureusement je vois qu’elle ne sera pas de longue durée ; aussi m’empressé-je de te répondre, sans même attendre la réponse d’Alain relativement à la question que tu me chargeais de lui adresser. J’ai pensé que les demandes réitérées de promptitude que tu m’adressais à la fin de ta lettre abrogeaient sur ce point les recommandations des premières pages écrites à une date antérieure. J’écris à Alain par le même courrier, et le supplie de me répondre de même, supposé qu’il n’eût pas reçu le billet. Si cela était, chère amie, je te promets de t’écrire immédiatement après la réception de sa lettre, au risque de ne plus te trouver