Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/116

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une amélioration tout à fait indispensable. Mais, je te le répète, je fais tellement dominer le premier point de vue sur le second, que celui-ci disparait presque à mes yeux.

Autant, chère amie, tout ce qui tient à ma position extérieure avance lentement et péniblement, autant mes études et le genre de réputation qu’elles m’ont fait, vont toujours prospérant. Je suis surpris des témoignages flatteurs que je reçois de personnes auxquelles je me croyais totalement inconnu. Ces articles que j’ai insérés au Journal de L’Instruction Publique sur l’ouvrage de M. Biot fils ont fait fortune. Comme M. Biot fils n’était pas à Paris lorsqu’ils parurent, j’en envoyai les épreuves à M. Biot père, qui me les renvoya, on y ajoutant quelques lignes des plus encourageantes, que j’ai conservées. L’autre jour, je le vois accourir vers moi avec de grands gestes selon sa coutume à la Bibliothèque de l’Institut, et m’adresser les compliments les plus flatteurs. Ce fut une énigme pour moi, quand il vint à me parler de ma sœur qui était en Pologne ; mais la suite de la conversation me prouva que tout cela venait de M. Julien. M. Biot qui s’est fait une si grande réputation comme physicien, a fini par devenir polygraphe. Membre à la fois de l’Académie des Sciences et des Inscriptions, professeur au Collège de France, etc., il s’occupe un peu de tout, avec une activité que l’âge n’a pas affaiblie, et qui en fait le type de ces esprits variés et féconds, qui ne peuvent maîtriser leur louable