Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/123

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assez mal, chère amie. Il est inutile de te dire que provisoirement j’ai dù reprendre mes fonctions de l’an dernier, malgré les motifs sérieux qui rendraient un changement urgent pour tout autre. Mais je trouverais, je crois, difficilement ailleurs une place qui me donnât si peu d’occupations, à causo surtout de la diminution continuelle du nombre des élèves. D’ailleurs, chère amie, il n’est que trop vrai que tous ces établissements particuliers se valent, et que ceux qui ont quoique renom n’offrent pas à ceux qui y sont employés des avantages beaucoup plus grands que ceux qui sont placés au dernier rang. Il était dans les données des choses et probablement aussi de mon caractère, que ma position extérieure serait longtemps disproportionnée à ma vie intérieure. J’accepte comme une fatalité cette loi pénible, et quoique dure qu’elle soit pour le présent, je ne m’en effraie pas trop, je te l’avoue, pour l’avenir. Cela devait être du moment où, tout bien balancé, je me décidais à ne pas suivre la voie commune, qui est celle de l’agrégation le plus vite possible, et du séjour en province. Mais ce que nous avons fait, nous l’avons fait avec réflexion, et nous n’en sommes pas à le regretter.

Quelque position que je doive occuper cette année, le plan de mes études est désormais, chère amie, très décidément arrêté. Je suis décidé à me présenter à tout prix au prochain concours d’agrégation. Supposé même que ce titre ne me