Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/130

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sous l’administration actuelle, où l’incurie et le désordre sont portés à un point incroyable. J’appris l’autre jour sur ce sujet des choses étranges de la bouche même d’un membre du conseil royal. Voilà ce que c’est que d’avoir pour ministres de grands hommes qui regardent ces soins de ménage comme au-dessous d’eux. Quand on est chargé de réorganiser l’instruction publique en France, on a bien autre chose à faire qu’à s’occuper de pareils détails. Et ce qu’il y a de curieux, c’est que les bureaux déclarent qu’ils ne peuvent rien faire sans le ministre, et que d’autre part le ministre n’est jamais au ministère, et cela pour bonnes causes[1]. Du reste, mon plan, chère amie, est toujours le même. L’agrégation m’est définitivement nécessaire ; et lors même que je ne pourrais avoir immédiatement une place en titre à Paris, j’aurai toujours mon traitement fixe, et je pourrai être attaché à quelque collège comme agrégé divisionnaire. Il est une autre place, chère amie, à laquelle je pourrai offrir quelque titre et pour laquelle le titre d’agrégé me sera nécessaire. C’est la conférence de grammaire générale à l’École Normale, laquelle sera vacante dans une ou deux années. Elle est maintenant occupée par M. Egger, que je connais particulièrement, et qui m’a dit lui-même qu’il ne la conserverait plus longtemps, désirant l’échanger contre une autre. Si cette vacance survenait après ma thèse

  1. Le ministre de l’Instruction Publique était alors M. de Salvandy.