Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/134

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bien, chère amie, qu’autant qu’un autre je sens le prix de ce qui coûte tant à gagner, et forme une condition si indispensable de la vie. La position où je me suis trouvé durant les vacances était exceptionnelle ; rien n’était encore établi, et d’ailleurs comme cet argent a été employé aux frais de déménagement et d’installation, ç’aura été autant d’épargné sur le fonds commun. Du reste le nouveau règlement coupera court à l’avenir à cet abus, puisque abus il y a. — J’ai eu beaucoup de dépenses au commencement de cette année, en livres surtout. Les livres sanscrits sont d’un prix fabuleux. Croirais-tu que pour un dictionnaire, en un seul volume, le seul complet qui existe, on m’a demandé trois cents francs ! Bien entendu que je m’en passe. Mais je n’ai pu faire de même pour les livres usuels, et surtout pour le texte d’explication du Collège de France, le Ramayana, lequel m’est revenu tout juste à quatre-vingt-dix francs. Encore trois livraisons seulement ont paru sur six qui doivent composer l’ouvrage total. Pour le persan, même cérémonie, quoique à des taux moins élevés. J’espère bien, chère amie, que le billet que je tire sur l’Académie viendra combler ces déficits. J’ai bien, il faut l’avouer, quelque probabilité de succès, et j’y compte plus que l’an dernier à pareille époque. Le prix est, je crois, de deux mille francs ou au moins de mille cinq cents francs.

Les progrès du choléra m’alarment toujours, chère amie. Il parait décidément qu’il est à Saint-