Page:Renan - Nouvelles lettres intimes 1846-1850, Calmann Levy, 1923.djvu/140

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passer les deux simultanément. Ces considérations seraient, ce me semble, d’autant plus fondées, que c’est par mon choix que j’ai pris des sujets de thèse aussi difficiles, et qu’il eût dépendu de moi d’en choisir d’autres, qui au bout de quelques mois de travail m’eussent valu le même titre. Toutefois je comprends que ces motifs qui seraient décisifs, s’il ne s’agissait que d’un examen, souffrent de graves difficultés pour un concours ; car ici vient se mêler une question de justice pour les autres candidats. Après tout, le travail des deux agrégations est à peu près le même, et je ne m’engagerais à rien en essuyant la première.

La Revue dont je t’avais parlé a éprouvé bien des traverses pour son apparition. Les patrons ont trouvé la jeune école trop explicite pour les circonstances ; la jeune école a accusé ses maîtres de timidité. MM. Cousin et Rémusat ont déclaré que si l’article prospectus restait tel qu’on l’avait fait d’abord, ils retiraient leur concours et leur patronage. Enfin un virulent article de politique qui terminait le premier numéro a achevé de tout gâter. J’ai cru prudent de retirer mon article qui devait d’abord paraître en ce premier numéro qui a soulevé tant d’orages, et j’ai prié ces messieurs de l’ajourner à un ou deux mois, c’est-à-dire au temps où la marche régulière et calme aura commencé. Le premier numéro a paru il y a quelques jours.

Adieu, très chère amie ; j’attends sans tarder