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douzième arrondissement, que le ministère s’est engagé à arrêter. Sois sans inquiétude, quoi qu’il arrive. D’une part des forces si formidables sont accumulées à Paris que tout mouvement sérieux est impossible. D’autre part, au fond de ce tranquille quartier, on est aussi à l’abri qu’au fond d’une province. Adieu, excellente amie ; appuie-toi sur mon amitié, comme je m’appuie sur la tienne. Tu connais la tendresse et le dévouement sans bornes de ton frère et ami,

E. RENAN.


MADEMOISELLE RENAN
chez monsieur le comte André Zamoyski, Nouveau-Monde, Varsovie, Pologne.


Paris, 26 février 1848.

Ta dernière lettre, chère amie, réclame une prompte réponse, et d’ailleurs les graves événements qui viennent de se passer à Paris me font un devoir de te rassurer. Des raisons que tu devines sans doute me défendent la moindre réflexion. Les faits, tu les connaîtras d’ailleurs ; je ne te parlerai donc que de ce qui m’est personnel.

Inutile de te dire, chère amie, que je n’ai couru aucun danger dans la révolution dont Paris a été le théâtre. Je ne suis sorti que pour aller au